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Le culte

LE culte

Le VIIe siècle est le siècle des saints, mais cette vague de christianisation ne signifie pas que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes en ce temps-là. Et l’Eglise, qui condamnait la violence et l’immoralité, perçut rapidement en quoi la mère de famille exemplaire, devenue moniale et désormais consacrée à la prière, pourrait servir d’exemple.

 

L’histoire du culte

Avec l’appui de ce « document de propagande » qu’est la vita du IXe siècle, la réputation de sainte Waudru va rapidement se répandre. Nombreuses furent les manifestations du culte rendu à la sainte, considérée d’emblée comme la patronne de la ville de Mons. Même si la procession du dimanche de la Trinité reste aujourd’hui la marque la plus tangible de cette renommée, notre histoire regorge, d’autre part, de traces d’un culte qui fut fécond. Les différents reliquaires (châsse et chef) – dont la destinée fut mouvementée – ont au fil du temps renfermé les restes de la sainte. Conservées dans la collégiale, ces reliques constituaient bien entendu le but premier des pèlerins, venus parfois de loin pour les voir, les toucher, les implorer.

Bien souvent, ces pèlerins versaient une obole dont le produit servait à confectionner des cierges en hommage à la sainte : la pratique était courante entre le XIVe et le XVIIe siècles. Certains fidèles offraient l’équivalent de leur poids, exprimé en kilos de blé.

 

Invocations

Les vertus médicales de sainte Waudru furent très en honneur. Sa « spécialité » semble avoir été la guérison du « feu de l’étincelle », en fait l’ergotisme gangréneux, ou intoxication par l’ergot de seigle : conséquence des famines aux alentours du XVe siècle, cette affection se traduisait par une sensation de brûlures internes. Les malades demeuraient dans l’église et y étaient soignés aux frais du chapitre. Quant à la peste, c’est celle de 1348 qui donna naissance à l’actuelle procession du Car d’Or.

Aux XIe et XIIe siècles, la pratique des sainteurs était fort en vogue : les sainteurs, hommes ou femmes, se vouaient à la sainte tout en s’asservissant à elle en contrepartie de sa protection. Nombreuses étaient également les indulgences concédées à tous ceux qui participaient à une procession en son honneur.

 

Iconographie

Sainte Waudru a été très souvent représentée en mère de famille. Mais les artistes ont le plus fréquemment privilégié les scènes la montrant avec ses deux filles, Aldetrude et Madelberte.

C’est donc le modèle maternel qui domine. La filiation spirituelle de Waudru se fait par les femmes : après avoir donné naissance à ses filles, elle a suscité les vocations des moniales qui l’entourèrent, puis celles des chanoinesses du chapitre noble.

On la voit également implorée par des fidèles qui sollicitent son intercession, ou encore faisant l’aumône aux pauvres. Plusieurs tableaux de ce style sont conservés à la collégiale, avec la référence à certains miracles obtenus par son intercession.

 

Les reliques

Les reliques de sainte Waudru ont toujours été vénérées et conservées à Mons, si ce n’est entre 1794 et 1803, lorsque les chanoinesses, craignant les exactions de la soldatesque révolutionnaire, les emportèrent avec elles en exil à Rattingen, en Allemagne.

La châsse

Plus d’une châsse leur a servi d’écrin avant celle, néo-gothique, qui, aujourd’hui, domine le chœur, suspendue au-dessus du maître-autel. En laiton doré et ornée de pierres précieuses et semi-précieuses, d’émaux et de cabochons, cette châsse date de 1887 et est l’œuvre de l’orfèvre liégeois J. Wilmotte. Elle se présente sous la forme d’une église avec transept, pinacles et crétage. Le Christ et la Vierge à l’Enfant occupent les pignons, tandis que les groupes de sainte Waudru et ses filles d’une part et de saint Vincent et ses fils, de l’autre, accompagnés chacun de six apôtres, figurent le long des deux flancs.

Le chef

En 1250, afin de faciliter aux fidèles l’accès aux reliques, on sépara la tête du corps. Le Chef de Sainte Waudru fut d’abord conservé dans un reliquaire offert par Marguerite de Constantinople, comtesse de Hainaut, lequel, lui aussi, disparut en 1793. Le reliquaire actuel date de 1867 et est de style néo-gothique. Il est en argent et laiton doré décoré de pierres colorées et de cabochons et se présente sous la forme d’un dais ouvragé abritant la tête couronnée de la sainte.

H. Wattiez et E.Liénard

En savoir plus…

Des pendentifs et porte-clés
a l’effigie de sainte Waudru.
De la communauté de religieuses
au chapitre noble de Sainte-Waudru.

Autres ressources

 Les châsses de sainte Waudru  (B. Van Caenegem)